Oups, ça va mal!

Publié le par JCR

Bonjour à tous,

le moins que l'on puisse dire, c'est que nous ne vivons pas un été tranquille. Les évènements économiques, monétaires, politiques, environnementaux se succèdent, de plus en plus graves, les symptômes  d'une décomposition avancée du système capitaliste anglo-saxon sont de plus en plus nets.

Peut-être que l'histoire retiendra 2011 comme date de cet effondrement, à rapprocher de 1989, date de l'effondrement du système communiste soviétique. Quels en sont les signes avant-coureurs?

 

1- la crise économique initiée en 2007/2008 n'est pas terminée, loin de là! L'effondrement des bourses mondiales, autour de 20% depuis un mois et on est qu'au début, n'est que la prise de conscience par le marché de l'endettement excessif des états, collectivités locales, particuliers, l'assurance que ces acteurs ne pourront rembourser leurs emprunts en totalité, que le monde va très certainement replonger en récession.

- les USA en premier et les milliers de milliards de dollars injectés par leur banque centrale, la FED n'y ont rien fait. La croissance n'est pas au rendez-vous, le chômage officiel se traîne toujours autour de 9% (le réel autour des 20%), les déséquilibres commerciaux augmentent et le déficit budgétaire toujours en augmentation: la dette américaine dépasse maintenant 14300 milliards de dollars et ce plafond vient d'être relevé de 2100 milliards moyennant des coupes budgétaires d'au moins 2500 milliards mais sans augmentation des impôts des plus riches comme le voulait les démocrates.

- L'europe n'est pas mieux lotie. Les médias ont beaucoup focalisés sur la Grèce, mais l'Irlande, le Portugal, l'Espagne, l'Italie, la Grande Bretagne et quoi qu'on en dise la France ne sont pas mieux. Endettement autour de 100%, chômage à 9/10%, déficit budgétaire non maîtrisé, et les budgets de rigueur qui se profilent n'inverseront pas la tendance, ils vont seulement conforter la spirale descendante de l'économie. La mutualisation de la dette au niveau européen envisagée à travers le Fond Européen de Stabilité Financière (FESF) , outre son iniquité (tout le monde paye pour les états dépensiers) ne suffira pas et comme tous les pays sont déjà sur endettés, emprunter encore pour rembourser la dette des autres n'est pas forcément une solution viable et juste.

- Le Japon est lui aussi au prise avec des problèmes insurmontables comme Fukushima dont on ne parle plus mais la contamination radioactive continue et est bien réelle, mais qui se rajoute au problème du sur endettement depuis vingt ans au moins (220% du PIB)

 

Dans tous les cas, le sauvetage des banques suite à la crise des subprimes par les états, avec la mutualisation des pertes c'est à dire la prise en charge de ces pertes par les états c'est à dire nous, sans nous demander notre avis, n'a conduit qu'à retarder de 2 ou 3 ans l'échéance. Il faut savoir que outre les prêts à prix d'amis faits par les états aux banques pour les sauver, la pluspart des banques centrales ont été amenées à jouer le rôle de bad banque, c'est à dire à racheter les produits toxiques détenus par les banques non pas au prix du marché mais au prix nominal. De fait, ce sont les banques centrales c'est à dire nous, qui supportons aujourd'hui une bonne part des risques liés à ces produits toxiques. Notre BCE s'y refusait de le faire jusqu'à ces derniers temps car c'est contraire au traité européen. Elle y a été contrainte pour des titres Grecs, Portugais, et dernièrement Italiens et Espagnol sous la pression des états et des évènements. On n'est plus à une violation près du traité!

Ces 2 ou 3 ans gagnés ont permis aux dirigeants de ces banques, aux traders, d'engranger encore quelques millions de revenus, de retraite chapeau et avantages divers scandaleux.

Mais comme il n'y a pas eu de contre-partie réelle, d'amélioration de la régulation, nous voilà revenus au point de départ. Les banques sont à nouveau en difficulté, obligées de provisionner pour les bons du trésor dont elles sont titulaires, pour les produits financiers toxiques qu'elles n'ont pas réussi à refiler aux états ou aux banques centrales à prix nominal. Et des rumeurs de faillite circulent pour de grosses banques comme Bank of America, ce qui aurait à coup sur un impact financier à la Lehman Broser. Aujourd'hui, les états ne sont plus en mesure de les sauver. D'où la chute boursière! 

 

Je vous ai déjà parlé du Glass Steagal Act, mis en place par Roosevelt en 1933, qui instaurait une séparation des banques de dépots et des banques d'investissement. De fait, seule les banques de dépôts étaient garanties par les états, assurant les dépôts des particuliers. Les risques pris par les banques d'investissement étaient supportés par les actionnaires. 

Cette loi a été abolie par Clinton en 1999 sous la pression des lobbies bancaires américains . La suite a été extrêmement rapide: les banques d'investissement sont devenues aussi des banques de dépôts et ont pu prendre des risques insensés, assurées que les états ne les laisseraient pas faire faillite à cause des déposants particuliers. On a pu le vérifier en 2009, soit 10 ans après l'abolition du glass steagal act. Et le lobbie bancaire est toujours très puissant et influant puisque peu de politiques en parle. Sont-ils complices? ou incompétents? ou les deux à la fois?

 

2- Du point de vue monétaire, ce n'est pas mieux.

- L'euro d'abord! L'euroland s'est agrandie sans assurer une convergence des politiques sociales et fiscales. On en voit aujourd'hui les conséquences au grand jour. L'euro pourra-t-il survivre à cette nouvelle crise? Des progrès ont été faits sous la pression des évènements et une forme de convergence est en marche. Mais malheureusement, ce sera au détriment des systèmes sociaux les plus protecteurs, on voit bien ce qui se passe en France avec le dé-tricotage systématique de nos avantages.

Du point de vue fiscal, ce sera aussi vers une imposition accrue, mais qui épargne toujours les plus nantis, ceux qui détiennent le pouvoir en fait.

Et que dire de l'europe à 27....

C'est particulièrement vrai en France et cela s'est accéléré avec Sarkozy qui a certes fait diminuer les impôts notablement, mais ceux des plus riches et des grandes entreprises du CAC40 en particulier. Pourquoi cette sollicitude envers ces grandes entreprises qui n'ont de cesse que dé localiser, transférer la production et notre savoir faire, réduire les emplois,transférer vers la collectivité les charges sociales liées au chômage? on peut se poser la question. Cette diminution des impôts, des recettes donc, s'est accompagnée d'un accroissement sans précédent des déficit budgétaires et de la dette. Cette dernière est passée de 54% du PIB en 2002 à 84% aujourd'hui. Un beau record inégalé, et la crise a bon dos  

 

- Le dollar, le roi dollar devrais-je dire, est de plus en plus nu. Son rôle de monnaie internationale acquis alors que les USA représentait 70% du PIB mondial, est de plus en plus contesté maintenant que le PIB US ne représente plus que 20% du PIB mondial. Il est clair que les difficultés en cours, la dégradation de la note des USA par Standard & Poor's mais aussi des sociétés d'assurance, des fonds américains, de certains états... les injections massives de liquidités opérées par la FED qui ne reposent sur rien, vont accélérer la contestation et la chute du dollar, inéluctablement.

La réflexion sur une monnaie internationale reposant sur un panel de monnaies nationales, est de plus en plus d'actualité et la pression est de plus en plus forte de la part des pays émergents, la Chine en particulier plus grosse détentrice de bonds américains: environ 1200 milliards de dollars.

 

3- Au plan politique, la situation n'est pas rose non plus. Il fait un sale temps pour les dictateurs et les peuples qui ont maintenant les moyens de s'informer, n'acceptent plus d'être manipulés, désinformés, trompés, spoliés..... La révolte gronde dans les pays arabes, mais aussi en Israël, et dans de nombreux pays occidentaux. Les "indignés" grandissent, la révolte gronde en Angleterre et menace de s'étendre, une étincelle peut mettre le feu un peu partout dans le monde occidental.

La démocratie est en danger; je rappelle que la démocratie, ce n'est pas seulement mettre un bulletin dans une urne et ensuite se boucher le nez, les yeux et les oreilles pendant 5 ou 6 ans, donner un blanc seing aux élus. Certains en profitent malheureusement.

La guerre est à nos portes: la Lybie, la Syrie, Israël et Palestine, Iran, Afganistan....

La famine refait surface: la corne de l'Afrique mais aussi les laissés pour compte sur les trottoirs ou dans les camps un peu partout à la périphérie des villes.

Les JT de nos télé nationales qui continuent à consacrer leur "une" aux faits divers, privilégiant l'émotion sur l'information, sont de moins en moins regardés par les citoyens avertis.
Pour ma part, je continue à recommander les blogs comme celui de Paul Jorion, lien en marge, qui consacre beaucoup de temps avec ses amis, à informer les lecteurs sur la réalité des faits, les explications.... les commentaires sont aussi très riches et formateurs. Le blog de Jovanovic est pas mal non plus, minuit-1, le blog de la crise qui arrive..... Informez-vous, indignez-vous.... on nous prend  bien trop souvent pour des billes...

 

Bref, je ne sais ou tout ça va nous mener mais peut-être va-t-on vivre des moments extraordinaires. Préparons-nous à l'impensable, impensable qui est en train de devenir une réalité, à être des acteurs, ne pas seulement subir et à vivre intensément cette période qui sera sans doute historique. Impliquons-nous! Ne laissons pas un quelconque totalitarisme pointer son nez, n'oublions pas 1933 qui a vu Hitler élu démocratiquement, et mettre au pas dans la foulée les médias, la justice, tous les contre-pouvoir. N'oublions pas 1789 et le régime de la terreur qui a suivi. Toute révolution peut accoucher du meilleur comme du pire.

 

 Est-on en train de vivre une révolution? Pour ma part, je crois que demain sera très différent de ce que nous vivons aujourd'hui. Le monde change, accompagnons ce changement.

Publié dans économique

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C
<br /> Bonjour Jean Claude. Partageant ton pessimisme, j'ai pris la liberté de te citer largement ici<br /> http://lesillon04.hautetfort.com/archive/2011/08/10/auto-decomposition.html<br /> <br /> <br />
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